No Man's Land



A PROPOS DE NO MAN’S LAND

Sans vouloir faire oeuvre d’historien, je retiendrai l’année 1972 comme le point de départ d’une répression tous azimuts contre les jeunes forces vives de la nation, d’obédience Marxiste, structurées au sein de trois principales organisations clandestines (Ila al amam, 23 Mars, Linakhdoum Achaab), prônant la révolution et la transformation du système marocain en République Démocratique Populaire.

La répression qui s’était abattue sur les militants de ces organisations fut si sévère que les condamnations se comptaient par dizaines d’années d’emprisonnement (de 4 à 30 ans, voire même la perpétuité par contumace) sans, pour autant, leur reconnaître le statut de détenus politiques.

Les dix premières années de la détention furent empreintes d’atrocité de sorte que certains prisonniers les qualifiaient de « décennie de l’horreur », horreur qui a eu raison de la raison de certains d’entre eux.

C’est dans ce contexte que la pièce « No man’s land » a connu sa genèse. Elle se voulait, par le fait théâtral, témoin de cette décennie de l’horreur, témoin de la chape de plomb que l’Etat avait installé sur des personnes remarquables, tant que pour ces âmes d’élite, il inventa des souffrances de choix.

J’ai été confronté, lors de la conception de cette pièce, à un dilemme qui se déclinait en deux questions : Faut-il écrire cette pièce de la manière la plus prosaïque, avec des attaques frontales, manquant d’élégance, d’élévation, de distinction, de poésie et aboutissant immanquablement à des mesures de répression, allant de l’interruption des représentations à l’ingéniosité des tourments pour la troupe de théâtre et pour moi-même ?

Ne faut-il pas écrire cette pièce en « une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme », suivant, ainsi, notre vocation. En communiant, dans et par le théâtre, avec notre public , enfin, la question des écueils de la répression, rendant diaphane tout « dialogue » avec « le censeur », grâce notamment à cette transcendance du texte qui élit la performance au stade d’un véritable Cheval de Troie pour les pérégrinations du sens ?

« No man’s land » a été écrite, sur une durée de trois ans (de 1982 à 1984) . Elle a été présentée au public marocain pendant quatre années (de 1984 à 1987). Elle a été partout ovationnée et couronnée, en 1986 par deux prix (la réalisation et l’interprétation) au le festival national du théâtre.

Mohammed Kaouti
Auteur dramatique
Maroc


Biographie:

Mohammed Kaouti ;
Né, à Casablanca en 1952 ;
Travaille et vit à Casablanca ;
Auteur dramatique ;
Ex Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels du Théâtre (Maroc) ;
Président de la Mutuelle Nationales des Artistes (Maroc) ;
Concepteur et producteur d’émissions TV ;
Manager de société de production audiovisuelle ;


Théâtre :

- Le comment et le pourquoi (œuvre collective) ;
- Le panier ;
- La coutume (adaptation de « celui qui dit oui et celui qui dit non » de Bertolt Brecht) ;
- Les Quaramates répètent ;
- Les pérégrinations de Moha ;
- Hallaj re-crucifié ;
- L’effondrement des idoles ;
- No man’s land ;
- Sidna Qdar (transplantation de « En attendant Godot » de Samuel Beckett) ;
- Boughaba (transplantation de « Maître Puntila et son valet Matti » de Bertolt Brecht).
- Lumière sur lumière (oeuvre collective);
- Le ring ;
- Le beurre et l’argent du beurre ;

Autres :

- Traduction vis-à-vis de « je suis parti » de Alan Mets, édition l’école des loisirs, Paris 1996 ;
- Traduction vis-à-vis de « la chaise bleue » de Claude Boujon, édition l’école des loisirs, Paris 1996 ;
- Traduction vis-à-vis de « Zou » de Michel Gay, édition l’école des loisirs, Paris 1998 ;
- Les contes de l’émission éducative « Alif Lam » produite pour le compte de la Société Nationale de la Radio et la Télévision (SNRT) ;
- Les fables de l’émission éducative « Tibaa », produite pour le compte de 2M.